une centenaire à Spixhe, un événement plutôt rare mais très sympathique se prépare.

En effet, le dimanche 11 mai prochain, le comité du cercle « Spixhe-Attractions » organise une réception en l’honneur de sa chère centenaire, Madame Veuve Jean Compère-Cerfontaine.

Elisabeth est née à Theux (Devant Staneux) le 11 mai 1875.

Dans sa jeunesse, elle rencontra M. Jean Compère, né à La Reid le 31 mars 1876 ; ils se plurent et Jean mena sa fiancée le 5 octobre 1901 devant M. Carré, Bourgmestre de Theux en ce temps là. M. le Curé Petit reçut, quant à lui, le consentement des jeunes époux.

Le ménage fit l’admiration de tous ses voisins lorsque Pierre et Marie vinrent l’agrémenter de leurs sourires juvéniles.

Au gré des ans, les enfants grandirent, refirent à leur tour les expériences des aïeux et, à ce jour, ont donné à notre valeureuse centenaire huit petits-enfants qu’elle chérit et onze arrière-petits-enfants adorés.

A son domicile et à son intention, M. le Curé Sternotte célébrera la messe le samedi 10 mai, puis la centenaire dînera et terminera la journée avec les siens.

Le lendemain, dimanche, à 14h30, une délégation du comité la conduira à l’Hôtel de Ville pour être reçue par les édilités communales.

Elle sera ensuite ramenée au village où, dans un local de fortune, aménagé pour la circonstance, tous les membres du cercle, les parents, voisins, amis et connaissances auront l’occasion de lui serrer la main et de signer le livre d’or, souvenir de leur cordiale et chaleureuse participation.

Sur tout le parcours de Spixhe à Theux, des drapeaux, flottant au vent, seraient peut-être heureux, eux aussi, de la saluer à son passage.

Le comité vous en saura gré.

Pays de Franchimont 5 mai 1975

Notre centenaire nous a quitté

Elisabeth Cerfontaine, veuve de Jean Compère, est née le 11 mai 1875 ; elle s’est éteinte le 10 octobre 1978. Elle avait donc 103 ans et 5 mois exactement. Ses deux enfants, ses huit petits-enfants et ses quatorze arrière-petits-enfants l’ont soignée, choyée et cajolée pour lui assurer une vieillesse exemplaire.

Ses parents, voisins, amis et connaissances l’ont abondamment fleurie et accompagnée vers sa dernière demeure.

Sur le seuil de son domicile, M. Corne du comité de Spixhe-Attractions lui a rendu hommage au nom de tout le village en deuil :

« Madame Compère, « 103 printemps, 103 automnes dans notre vallon, sur la hauteur d’abord : à Staneux, au bord du Wayai ensuite. C’est un bail, un bail exceptionnel même. Vous avez vu disparaître en quantité des visages connus et, si vous aviez rassemblé vos souvenirs, vous auriez pu dire que, comme ces arbres d’automne vont l’être de leurs feuilles, vous aviez été dépouillée de nombre de compagnons de route.

« Et pourtant je ne crois pas que vous ayez jamais eu cette vision de la vie. Jusqu’à vos derniers jours, vous avez gardé cette présence d’esprit, cette ouverture de cœur qui faisait que, constamment, vous accueilliez, dans votre cercle de vie, des figures nouvelles, des êtres plus jeunes. Jamais vous n’avez laissé se dépeupler votre existence.

« Ce secret de jouvence, cette disponibilité, cette sage philosophie, nous voudrions que vous nous la laissiez, que vous nous l’inspiriez. Les vains regrets, les retours en arrière, jamais ne vous ont empêchée de suivre le cours de la vie. Faut-il rappeler avec quelle impatience, avec quelle juvénilité, vous avez attendu l’inauguration de la salle à Spixhe ? On aurait pu comprendre qu’à votre âge vous fussiez indifférente à un tel événement. Eh ! bien non, je ne crois pas que vous ayez eu moins de joie, moins d’émotion qu’un jeune de 18 ans ou que chacun des bâtisseurs. Assise menue dans votre fauteuil, en apparence retirée du monde, vous étiez restée branchée sur la vie du hameau de façon étonnante.

« Jusqu’à vos derniers jours, vous avez chanté ; jusqu’à votre dernière fête vous avez réclamé un air d’accordéon. Cet art de cueillir le simple bonheur du jour qui se lève, de grâce, ne l’emportez pas avec vous.

« Vous étiez notre doyenne. En pensant à votre départ, je me suis souvenu qu’autrefois, dans tous les livres de lecture, le temps des cheveux blancs était présenté comme celui de la plus grande sagesse. A une époque où la vie trépidante aurait tendance à faire croire que ces contes des livres d’autrefois n’étaient que des images d’Epinal, je suis heureux de dire que votre sérénité, votre fraîcheur d’âme ont non seulement ravivé nos souvenirs, mais rappelé aussi qu’il y avait à puiser bien des enseignements chez ceux qu’on nomme un peu vite des vieillards.

« Madame Compère, vous nous quittez alors que vous étiez devenue un peu notre grand-mère à nous tous, jeunes et moins jeunes. C’est pour tout le village un jour d’émotion douloureuse. Pourtant, nous sommes convaincus que, ce soir, pour vous accueillir, le Seigneur aura réuni, au ciel, ses meilleurs anges accordéonistes. »

Maurice Corne.

Le « Pays de Franchimont » présente à la famille de Madame Compère ses plus sincères condoléances.

Theux est-è doû Là qu’a pièrdou Si centenaire, Madame Compère. Pô l’vîle Marna, Pus nou djama ; L’andge a passé Pô l’tèrrasser. Là-haut è cîr, Tôt plin d’Ioumîres, Si-âme rupwèsse ; Les sints fèt fièsse. Lèye si virlîhe A qwitté Spîxhe. Su bon sorîre E nosse sovnîr Longtimps d’meur’rèt Pô nosse rugrèt. Adiè Marna !

Lînâ.

Pays de Franchimont, 11 novembre 1978

Retour en haut