En mémoire de Gilbert, notre ami

En juin dernier, nous avons accompagné notre ami Gilbert Dortu dans son dernier voyage, parmi la foule recueillie, dans son église, et à ce cimetière familier où la terre juslenvilloise lui sera légère.

Dédaignant les honneurs et les premières places, notre Gigi (ou Gibi) a bien rempli son existence en accordant son dévouement, toujours désintéressé, à diverses sociétés ou groupements de Juslenville : la dramatique, le club de football, le Royal Pedal Club et la Mutualité Franchimontoise.

Partout où il se trouvait, il aimait se rendre utile et sa pondération efficace tendait toujours vers les solutions pacifiques et judicieuses.

Il surmontait avec courage ses handicaps physiques ; il donnait l’impression d’une volonté tenace et derrière les verres épais de ses lunettes déformant ses yeux bleus goguenards, il plissait ses paupières avec malice pour savourer les calembours et l’humour tout en dodelinant de la tête d’un air entendu.

Figure extrêmement populaire, il bénéficiait d’une autorité toute naturelle et les nombreuses personnes qui fréquentèrent le pointage des chômeurs s’alignaient tout simplement dans la file impeccable sans les bousculades ou les tricheries trop souvent coutumières dans pareilles circonstances.

Nous garderons de lui un souvenir impérissable et s’il était encore là, il nous permettrait certainement cette conclusion insolite : Gilbert, c’était pour nous Gigi ou Gibi ; « Gi » comme Juslenville et « G » comme Gentleman.

Adieu, Gilbert, notre ami, tu étais vraiment un cas Gibi, un cas libre d’une dimension peu banale que nous garderons dans le fond de notre cœur où reposent sereinement les figures légendaires de chez nous.

A. D.

Pays de Franchimont n°477, août 1983

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