Herman Bertrand->1776], [Auguste Bodart, Jean Bouffa… Pleure, ô Franchimont, les meilleurs de tes fils.

Après quelques heures de sursis angoissant, la ville atterrée apprenait avec stupeur que le destin frappait impitoyablement notre ami à tous, Jean BOUFFA, dans la plénitude de ses forces, le soir du 7 avril 1974.

La Cité Franchimontoise pleurait un des siens ; il lui appartenait, il faisait corps avec elle de toutes ses fibres intimes, dans son effort de tous les jours, dans les apothéoses de fêtes inoubliables où les cœurs vibraient à l’unisson de sa foi créatrice, de son travail efficace et sobre, où l’on retrouvait toujours son allure débonnaire, sa maîtrise de soi, son sourire engageant.

On le voyait partout : au Château de Franchimont, sur les scènes, dans les jeux et activités populaires, assumant toujours un rôle déterminant. La place qu’il y tenait avec sa bonne humeur et sa sérénité sera affreusement vide, désormais…

Ses activités débordantes dans tous les domaines mettaient en relief ses qualités d’artisan d’élite qui s’ajoutaient à son intelligence sans cesse en éveil, ses talents d’acteur et de chanteur, son dynamisme naturel d’homme de sociétés, direct et affable en même temps ; tout témoignait de sa joie de vivre, de vivre intensément comme s’il avait pressenti que ses jours étaient comptés, comme s’il avait su que chacun attendait le don entier de lui-même pour sa famille, pour ses amis, pour sa cité.

Impitoyablement, le destin a frappé : un Franchimontois s’en est allé…

Nous ne reverrons plus sa silhouette élancée, sa démarche assurée, son sourire engageant ; nous n’entendrons plus sa voix, son accent du terroir, charmeur et convaincant.

Et lorsqu’autour de nous, plus tard, la paix du soir s’installera ; lorsque, dans nos cœurs lourds et engourdis de douleur, nos pensées iront vers toi, nous te retrouverons aisément.

Exprimant sa fidélité et sa reconnaissance, la cité franchimontoise lui a voulu des funérailles inoubliables ; la foule innombrable et recueillie sentait qu’elle lui devait, bien au-delà des conventions et du conformisme, autre chose que sa présence ; elle y apportait son offrande en ce Jeudi-Saint, à celui qui, sur terre franchimontoise, lui avait tant donné.

André Dumont.

Discours de Mr André Lambet, président du « Rideau de Franchimont », à la levée du corps.

C’est avec une très vive émotion que notre vieille cité franchimontoise vient d’apprendre la perte d’un de ses meilleurs enfants, Monsieur Jean Bouffa.

Né ici, au cœur de la ville, et ayant vécu toute sa vie quasiment à l’ombre du vieux Perron, il ne s’éloigna d’ici que pour faire à Liège d’excellentes études de sculpture et d’ébénisterie à l’Institut St-Laurent. Il venait rapidement seconder son père dans son atelier et son commerce et, lui succédant bientôt il assurait avec succès la continuation de l’entreprise familiale.

Artisan accompli et commerçant avisé il amena celle-ci à un renom qui dépassa rapidement les murs de la Cité.

Fils dévoué, époux et père de famille exemplaire, il trouva le temps — sans aucunement négliger ses devoirs familiaux et professionnels — de s’occuper de nombreuses sociétés locales :
— Il fut Administrateur attentif de la Mutualité l’Entraide.
— Membre du comité du Cercle d’Education Physique, il était toujours fidèle au poste et on pouvait compter sur lui, jusqu’à l’ultime réunion de vendredi dernier.
— Connaissant ses mérites et désireux de profiter de ses judicieux conseils, les Indépendants Franchimontois, lors de la fondation de leur groupement, l’avaient appelé à la Vice-Présidence où il accomplit un excellent travail.
— Administrateur du Syndicat d’initiative depuis longtemps, il eut l’occasion là aussi de donner la mesure de son dévouement et en particulier lors des manifestations de 1968 dont il fut une des principales chevilles ouvrières, trop souvent dans l’ombre par excès de modestie.
— Il fut bientôt membre-chevalier de la Chevalerie de l’Ordre du Chuffin quasi dès sa fondation et ses amis, là aussi, ne sauront jamais compter les services qu’il a rendu.
— Ne sachant se refuser, il fut membre du Corps des Pompiers local, membre de l’A.S.B.L. des amis du Home Franchimontois : là aussi il ne connut que des amis.
— Je laisserai à d’autres dire tout le bien qu’il apporta au Cercle Paroissial comme administrateur.
Mais pour terminer, je dois citer la société qui lui tenait le plus à cœur : le Rideau de Franchimont.

Il monta sur scène en compagnie de son père dès l’âge de 12 ans pour jouer une revue au bénéfice des travailleurs déportés en Allemagne.

Dès la fondation du Rideau de Franchimont, il fut d’emblée membre du comité. Il y connu de nombreuses joies. Toujours aimable, plein de bon sens, serviable, nul n’oubliera son dévouement à tous les postes. Ses amis lui doivent des heures inoubliables.

Excellent comédien, il avait encore assuré le succès de la dernière
représentation, il y a dix jours à peine, apportant par son talent, sa gaieté et son sourire quelques heures de joie à tous.

A sa femme, sa maman, ses enfants et toute la famille, nous présentons tous, et au nom de toutes les sociétés, l’expression de nos sentiments très émus.

Le rideau se ferme maintenant, adieu Jean, bravo pour ta vie exemplaire et merci pour ton amitié.

André Lambet.

Pays de Franchimont 5 mai 1974

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