Pays de Franchimont N° 543 de août 1991

Notre patrimoine architectural

LA MAISON DU MEUNIER

La place du Perron nous offre une autre façade de style Renaissance Mosane, édifiée au 17ème siècle et qui appartenait aussi à un personnage important de l’époque, le Meunier-brasseur de Theux, Noël Poncelet.
Le chef-ban possédait depuis la féodalité deux moulins banaux, propriétés du Prince-Évêque, situés hors du centre, l’un à Spixhe et l’autre isolé entre le bourg et le village de Juslenville [[Le moulin de Theux, situé au n°33 de la rue du Roi Chevalier, est resté actif jusqu’en 1970, le dernier meunier étant Monsieur Joseph Collette.
]]. Sa roue était actionnée par l’eau d’un biez creusé à partir d’un barrage, cent mètres en amont du pont. L’exploitation de ce moulin était attribuée par enchères.
Au début du 16ème siècle, un étranger nommé Noël Poncelet, après avoir travaillé au moulin de Spixhe, réussit à obtenir cette charge qui restera durant deux siècles dans la même famille. On sait qu’en 1607, le meunier Noël Poncelet habitait une maison à hauteur du Perron et à cet endroit un autre Noël Poncelet [[Les descendants du premier Noël Poncelet sont vite devenus des personnages importants, déjà son fils Noël (mort en 1599) était échevin de justice. Entre 1558 et 1721, on compte dans la liste des bourgmestres de Theux 25 Poncelet. D’autres Poncelet quitteront le ban de Theux, deviendront propriétaires d’autres moulins dont celui de Verviers et un Mathieu-Noël Poncelet-de Presseux est bourgmestre de Verviers en 1632. Peu à peu, les Poncelet vont adjoindre à leur nom celui de de Presseux ou Depresseux, puis abandonneront celui de Poncelet, tel ce Louis-Nicolas Depresseux, une des têtes de la révolution franchimontoise qui sera entr’autres bourgmestre de Theux en 1790.
]]va édifier la belle maison que nous connaissons. Il va également acheter à la famille de Presseux, le château de Jehoster et le reconstruire en ferme-manoir fortifiée, c’est l’actuelle Ferme de la Chapelle.
La maison de la place du Perron présente les caractéristiques habituelles du style : fenêtres à meneaux, fers d’ancrage à double volute, cordons horizontaux en pierre calcaire tranchant dans la façade en briques, corniche supportée par des corbeaux en bois. Il faut remarquer à l’étage les briques rassemblées en deux groupes séparés par un large intervalle de briques.
Un haut soubassement en grandes pierres de taille occupe tout le rez-de-chaussée qui autrefois devait présenter de chaque côté, un groupe de huit fenêtres placé exactement sous les fenêtres de l’étage et au milieu une (ou deux) portes.

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Les cartes postales de la fin du 19ème et début du 20ème nous montrent une modification importante apportée à la partie gauche de ce rez-de-chaussée : on a transformé les quatre fenêtres intérieures du groupe par une seule baie formant vitrine car la maison est devenue une vinaigrerie et un commerce de vins et de liqueurs.
En 1927, le bâtiment est occupé par la Banque de Verviers, on supprime la grande vitrine et on rétablit les quatre petites fenêtres munies de leurs barreaux! La porte se trouve dans la partie centrale mais accolée aux fenêtres de gauche.
Plus tard, cette banque devient une succursale de la Société Générale de Banque et 1976 voit une rénovation totale. Les étages restent immuables mais à nouveau la partie gauche du rez-de-chaussée va souffrir; les deux fenêtres de l’extrême gauche subsistent, mais à côté on installe une porte plus large que la fenêtre, et on replace à sa droite les quatre fenêtres restantes qui se trouvent dès lors, déplacées vers le centre.
Aussi un problème se pose sur la présentation originale de la façade qui, autrefois devait constituer un ensemble harmonieux, rez-de-chaussée compris et on ne peut s’empêcher d’imaginer que deux portes ont pu exister et qu’il y avait peut-être, deux maisons jumelées mais distinctes comme à la Bouxherie ou à l’annexe de l’Hôtel de ville.
Peut-être quelqu’un pourrait-il apporter une explication à ce sujet, les colonnes du Pays de Franchimont lui sont grandes ouvertes.

Les Chroniqueurs du Marquisat

A. GONAY

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