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Le Bois de Staneux se présente sur la carte du Franchimontois, comme un vaste carré que découpent parfaitement deux rivières qui nous sont chères : La Hoëgne et le Wayai.

Cet immense massif forestier, qui recouvre quasiment la moitié de la commune de Theux, est naturellement compartimenté par les gorges étroites du Chawion, appelé aussi Ruisseau du fond du Staneux. Ce petit torrent court rapidement d’ouest en est, partageant ainsi le vaste carré de tantôt en deux rectangles grossièrement égaux. Celui du nord, c’est le Staneux proprement dit, qui contient le point le plus élevé de l’ensemble forestier (365m d’altitude) et qui, après avoir séparé de Bois du Chincul du Bois de la Longue Heid, vient butter contre le Staneux proprement dit, dégageant ainsi à l’intention de ce dernier, un magnifique panorama vers les hauteurs de Spa.

Le point culminant dont nous parlons quelques lignes plus haut, apparaît donc comme un endroit privilégié pour la détection des incendies de forêt; aussi nos forestiers n’ont-ils pas manqué d’y installer leur poste de guet au sommet d’un grand chêne.

Mais ce chêne puissant n’est pas un isolé. Notre bonne forêt de Staneux en contient d’autres encore, non moins remarquables, et que la carte de l’état major relève avec une complaisance justifiée. Signalons le Gros Chêne, le Chêne du Rendez-Vous et le Chêne de la Vierge.

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Quelque 300 m après l’observatoire forestier, un vague chemin s’engage à droite dans les sous-bois. De grands sapins sévères y tamisent la lumière, et dans l’ombre de la sente, se dessine la silhouette d’un énorme chêne. A la hauteur de ses maîtresses branches, une niche grillagée abrite une Vierge de Lourdes : c’est le Chêne de la Vierge, un ancêtre de la forêt du Staneux… A cette petite Vierge, perdue dans nos grands bois, se rattache toute une histoire qui commence en 1864.

En ce temps là, sur la Heid de Spa, trois fermes se partageaient les pâtures en bordure de la forêt. Jean-François Franquinet occupait l’une d’elles avec sa famille.

Au printemps 1864, la fermière, malade depuis plusieurs années, mourût, laissant quatre enfants en bas-âge et dans une grande misère.

A quelques jours de là, Jean-François, devant se rendre chez des parents à Sassor, emprunta le chemin de la forêt, le plus court, et arriva au pied du chêne. Accablé par la peine, il s’arrête et songe à mettre un terme à sa vie malheureuse… Mais en se retournant, il voit, par la trouée du Petit Chawion, le toit de la ferme où l’attendent ses enfants restés sous la garde d’une tante.

Pris de remords, il fit alors le vœu d’accrocher à cet endroit de la forêt, une statuette de la Vierge; et au mois de mai de la même année, il vint fixer au chêne une niche avec la statue promise…

Destin! diront les uns… Grâce! diront les autres… Ce qui est certain, c’est qu’à partir d’alors, la prospérité revint peu à peu chez Jean-François, qui, chaque année, venait en remercier la vierge au Chêne.

En 1870, alors qu’il accomplissait son pèlerinage annuel, Jean-François ne trouva plus la statuette, quelques débris jonchaient le sol au pied du chêne et semblaient indiquer une méchante intention… La même année, Jean-François la remplaça par une Vierge de Lourdes qui est toujours celle d’aujourd’hui.

La niche fut remplacée elle aussi. D’abord en 1903 par un des fils et en 1935 par la famille Franquinet qui installa la niche de tôle qui abrite la statuette actuellement.

Cette histoire nous fut contée par le plus vieux des fils de Jean-François âgé aujourd’hui de 86 ans et qui avait 4 ans lorsque son papa accomplit le voeu. Les autres membres de la famille et plusieurs habitants du pays qui connurent Jean-François ont bien voulu confirmer la relation qui s’achève ici.

_ JM Franquinet, pdf oct 1946.

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