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L’origine du Vieux Bon Dieu qui, par la porte souvent ouverte de sa petite chapelle, contemple, depuis déjà si longtemps, un coin du beau panorama Franchimontois, se perd dans la nuit des temps. Combien d’iconographes spécialisés en cette science, cherchèrent à se documenter sur la date de la disparition et surtout sur la provenance du crucifix; aucun ne parvint à percer ce mystère.
Certaines particularités excitaient la curiosité des archéologues: ce Christ, en bois de hêtre, mesurant environ 1 m. 50 de hauteur, est vêtu d’une grande tunique à manches assez longues, mais qui, cas presque unique, est dépourvue de la ceinture; il est coiffé d’une couronne crénelée et à remarquer que ses pieds ne sont pas percés.

Provient-il de l’église de Theux qui existait déjà au IXe siècle, nul ne le sait, généralement on situe la création de cette croix vers le XIIe ou au plus tard le XIIIe siècle.

Mais n’empiétons pas sur le terrain ardu des spécialistes et bornons-nous tout simplement à rappeler quelques faits et racontars populaires. Il y a tantôt deux siècles, les Mathonet résidaient déjà dans les parages de Tancrémont un jour, un représentant de cette famille, occupé chez M. Simon Pira… propriétaire de la région défrichait un terrain jusqu’alors demeuré inculte, quand, tout à coup, son outil butant contre un corps dur, notre laboureur ne fut pas peu surpris d’amener à lui une grande croix. Débarrassée de sa gaine de glaise, on s’aperçut et pour cause qu elle ne ressemblait à aucun crucifix de la contrée.

Vers cette époque des événements d’un autre ordre retenaient l’attention des gens du pays; de là, le peu de retentissement qu’occasionna cette découverte. Cette circonstance, n’empêcha pas les habitants du voisinage d’en parler et les langues de se délier.
Jac. De. de Rondehaye assurait que son père avait souvent remarqué que de belles fleurs inconnues fleurissaient, plein hiver à l’endroit précis où dormait la Croix.

Ant. J. avait entendu dire d’une personne digne de foi qu’elle était protégée par une maçonnerie en pierre.

Le vieux père Dem. qui avait aidé à son transport, racontait à qui voulait l’entendre, que dès sa jeunesse, différents indices lui donnaient l’impression que “tofer quwand i passév’, vers là, i mouwév’ to”. Un vieux Juslenvillois Josse L souvenait très bien que vu l’état de vétusté de cette croix, on avait trouvé grandement nécessaire de procéder une petite restauration, l’ouvrage terminé, elle fut peinte complètement, le lendemain, au grand ébahissement des dès fidèles, on la retrouvait dans son état primitif; repeinte de nouveau le résultat final fut identique ; on comprit que ce Christ aimait garder son ancien aspect; on trouva bon de respecter sa volonté et voilà pourquoi on s’est abstenu de tout changement et qu’ainsi il est toujours demeuré pour le vieux Bon Dieu de Tancrémont.

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Entre-temps, une chapelle située dans la propriété de M.S, Pir… abrita la croix où les pèlerins venaient l’invoquer en toute simplicité: les cultivateurs la vénéraient tout particulièrement en temps de sécheresse prolongée, ils se rendaient en pèlerinage à Tancrémont supplier le Vieux Bon Dieu de faire cesser cette calamité.

On raconte qu’une année les récoltes réclamant impérieusement de la pluie, les paysans convinrent de procéder à l’enlèvement du Christ et de l’installer triomphalement en place d’honneur dans l’église de Theux; la procession à peine terminée, la pluie commença à tomber à la grande joie des Theutois, qui criaient au miracle. Malheureusement, l’onde, au début bienfaisante, ne cessa de tomber pendant un mois; voyant leurs belles récoltes qui pourrissaient, les cultivateurs consternés commencèrent des neuvaines mais le mauvais temps continuant, ils crurent avoir offensé leur protecteur et jugèrent prudent de le réintégrer dans sa petite chapelle de Tancrémont; quelques jours après, le beau temps fit une nouvelle apparition.

En 1895, dans une nouvelle chapelle bâtie à proximité de l’autre, on l’installa définitivement, il fut transporté en grande cérémonie sur un lit de roses et de verdure; on se souvient que les pèlerins escortant la procession se partagèrent les roses et que de la civière servant au transport il n’en resta pas le plus petit morceau de bois, tout fut emporté comme relique par la foule des dévots. Un usage qui disparaît peu à peu, c’est la dévotion assez intéressée des jeunes filles à la recherche d’un mari, empêchées de s’approcher de la croix, elles se contentent de mordre à belles dents dans la grille, sous l’oeil bienveillant du vieux Christ qui certainement exaucera leur voeu.

Beaucoup d’autres récits se racontaient encore chez les anciens, qui, malheureusement, aujourd’hui, se font de plus en plus rares, mais ce ne sont que des racontars sans grandes preuves à l’appui. Ce qui est certain, tous ces petits pèlerinages auront donné aux pèlerins la grande satisfaction d’admirer des hauteurs de Tancrémont un des plus beaux panoramas de notre pays et ce qui n’est pas à dédaigner, le plaisir de déguster un bon café agrémenté un délicieux morceau de tarte au riz.

Enfin, si de cette humble et si accueillante croix, on ne raconte rien d’extraordinaire, les ex-votos qui recouvrent entièrement les murs du sanctuaire prouvent largement le rand pouvoir consolant du Vieux Bon Dieu de Tancrémont.

Regn.Tieffels. pays de franchimont

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