Jacques Dochamps, de Hodbomont

Si vous faites attention au générique quand vous regardez une émission de télévision, le nom de Jacques Dochamps ne vous est pas inconnu: c’est lui qui, à la RTBF, signe la réalisation des émissions Noms de Dieux, mais aussi nombreuses séquences de Dunia, devenue depuis cette année Planète en question. Né à Liège en 1952, Jacques est revenu dans le Theux de ses ancêtres; l’un d’entre eux participa, en 1789, au Congrès de Polleur et donc à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen pour le Franchimont.

A Hodbomont, où il habite, Jacques a créé avec sa compagne, Jeanine Nouwen, peintre et sculptrice, un jardin sauvage absolument remarquable où l’on retrouve aussi quelques traces d’animaux domestiques devenus rares. A une enfance baignée de littérature fantastique grâce à la collection dirigée chez Marabout par Jean-Baptiste Baronian, succède une adolescence axée sur le cinéma d’art et d’essai qui le conduira aux études de réalisateur à l’INSAS, où il sera notamment l’élève d’André Delvaux.

Il entre ensuite au Centre de Production RTBF de Liège; il y signera d’insolentes parodies publicitaires diffusées avant le journal télévisé, mais aussi des séquences de Télétourisme où l’Ardenne et les Celtes tiennent une place importante. Le grand choc ou, comme il le dit, l’ébranlement absolu dut la découverte de l’univers amérindien. Il rencontre des Indiens qui passent dans notre pays, part réaliser un documentaire au Québec, recherche des similitudes et des parallèles, réalise de nombreux reportages, organise des ateliers… D’autre part, il travaille avec l’équipe de Wallonie qui sonde la situation-sociopolitiques de notre région.

L’équipe lance Turbulences, un véritable “magazine alter-mondialiste avant la lettre”, que la frilosité de la direction arrêta après treize numéros. Pour une série consacrée aux grands mythes, avec l’appui de l’Université de Liège, Jacques Dochamps tournera en Bretagne, à Paris, en Angleterre et à Franchimont l’épisode relatif à Perceval. Entre-temps, Jacques a rencontré José Gualinga, un Indien d’Amazonie équatorienne, époux d’une Belge originaire de Jehanster et délégué des peuples de sa région auprès des Communautés européennes à Bruxelles. Il est aussi le fils d’un chaman très respecté. C’est l’époque où il démarre Dunia, Jacques se rend chez les parents de José, à Sarayacu, en Amazonie. Il réalise Paroles rouges pour un frère blanc, où intervient José, puis avec lui encore, Sang Noir, un documentaire de création “où le Parlement européen, étrangement, fait corps avec de vieux mythes amazoniens”.

L’amitié avec la famille Gualinga amènera Jacques à créer une asbl, Frontière de Vie, pour soutenir les Indiens de Sarayacu dans la sauvegarde pacifique de leur territoire et de leurs traditions menacés par une industrie pétrolière pas plus regardante aux droits des Indiens qu’aux moyens de coercition qu’elle utilise. Travaillant non seulement en Europe et en Amérique du Sud, mais également en Afrique, en Asie et en Océanie pour des reportages où il approfondit, au travers de sujets sociaux, économiques et culturels, le thème du devenir des peuples premiers, Jacques Dochamps est aussi l’auteur de Larges Visage, un spectacle qui vient d’être créé par la compagnie du Simorgh et dans lequel il “tente d’extraire l’essentiel de toutes ses rencontres, épreuves et expériences”.

Albert Moxhet

Pays de Franchimont 694 novembre 2004

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