Le « père » du « Pays de Franchimont »
Il était né à Theux avec le siècle.
Pendant de nombreux lustres, il avait participé à toutes les activités de la vie franchimontoise, dont il connaissait, par le menu, jusqu’aux moindres détails. Il vient de mourir, aux « Croisettes », près de Trooz. Avec lui disparaît, sans doute, le plus prestigieux créateur theutois de ces quarante dernières années.
Quand, en janvier 1937, parurent au Moniteur belge les statuts du Syndicat d’initiative de Theux, fondé le 30 novembre de l’année précédente, le nom de Jean Crémer y figurait, accolé à celui de dix autres braves, parmi lesquels un seul, à l’heure présente -Franz Deroanne – est encore en activité.
Les choses ne traînèrent pas et, moins de deux ans plus tard, avec le concours de Hubert Pirnay, bourgmestre de l’époque, et de Lucien Remy, trésorier, Jean Crémer avait jeté les bases d’une piscine qui devait permettre l’essor d’un club de natation réputé dans la Belgique entière, pour les performances de ses nageurs en eau froide.
En 1946, il lança « Le Pays de Franchimont », que vous nous faites, pour le moment, l’honneur de lire, et qui, depuis bientôt vingt-sept ans, sert de trait d’union entre les Theutois de la cité natale et près de deux cents autres, vivant à l’étranger.
Le 15 mars 1947, il accédait à la présidence, en remplacement de Louis Franquinet, président-fondateur, et, les deux années qui suivirent, nous eûmes le privilège de voir défiler dans nos rues, l’admirable cortège historique qu’il avait mis sur pied, avec la collaboration des Prisonniers de guerre, et qui attira chez nous des foules immenses.
1950 vit la naissance du «Jeu de Franchimont». Les « premières » eurent la Place du Perron pour théâtre et le «Jeu» fut repris l’année suivante, avec le même bonheur. Sept ans plus tard, et, pour parfaire sa tâche, Jean Crémer le transposa à l’intérieur des ruines du château, où, dans un décor de rêve, il connut le succès que l’on sait.
Entretemps, en 1956, il avait fondé le « timbre de Franchimont », sur des bases solides, et, jusqu’en ces dernières années, il en fut le principal responsable, veillant avec un soin jaloux à la régularité de sa distribution et à sa sécurité financière.
Entrer dans le détail de ses activités multiples nous paraît difficile ; cédons plutôt la plume à un de ses bons amis, de ses collaborateurs les plus proches, écrivant à Madame Crémer, le lendemain du jour fatal : « …Ce n’est pas sans émotion que je me rappelle les heures, les jours et les nuits inoubliables passés ensemble, dans la préparation des cortèges, des expositions et des Jeux, pour lesquels votre cher Jean a tant travaillé. Jamais je n’oublierai combien je lui dois de joies profondes, goûtées lors des succès qui suivirent ces manifestations pour lesquelles il donnait le meilleur de lui-même, tout lui-même.
« Je nous revois à Verviers, Stembert, Liège, Stavelot ; aux écoles, au château, dans ce vénérable atelier à l’étage, au rez-de-chaussée, à la cuisine ; chez M. de Limbourg ; au théâtre, à Verviers, partout… n’épargnant ni le temps, ni les peines, ni les critiques ou les railleries que nous « encaissions » parfois de la part de ceux qui, regardant faire, à l’image des « mouches du coche », ne comprirent jamais les saintes et justes colères qui nous habitaient et nous faisaient exploser, en ces moments exaltants de fièvre, de détresse ou de bonheur, dans la poursuite de la tâche à remplir.
« Brave ami Jean, je n’oublierai jamais la vraie amitié qui nous lia pour toujours, depuis ces moments de pur dévouement à la cause franchimontoise, pour l’embellissement et le renom de cette terre de chez nous.
« Dieu fasse que tu y reposes sereinement, en grand Franchimontois qui fit honneur à ses ancêtres, travaillant toujours comme eux, pour notre Cité… ».
Pays de Franchimont n°12, décembre 1972