Centre de Theux

Notre vieux perron.

(Notes historiques)
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La concession d’un perron à Theux, date de l’an 1456. Elle fut faite par les deux bourgmestres de Liège. Cet emblème national érigé au milieu de la grand’place de Theux, était le symbole des libertés com­munales, et, dès ce jour, le bourg de Theux fut mis au rang des Bonnes Villes de la Principauté liégeoise ! Par là même, les gens de Theux furent censés être membres de la Cité de Liège et, conséquemment, affranchis et privilégiés, comme les bourgeois de la capitale, particulièrement pour ce qui concernait leurs marchandises, denrées, etc…
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Les bourgeois prêtaient le serment que les marchandises qu’ils conduisaient et amenaient, leur appartenaient, et qu’aucun étranger n’y avait part.Comme à cette époque (1456) Louis de Bourbon venait d’être élu Prince-Evêque de Liège, il ne tarda pas à être en brouille avec les deux bourgmestres de la Cité.Ceux-ci, par esprit de vengeance, immatriculèrent aux Bonnes Villes, le bourg de Theux, chef-lieu du Marquisat de Franchimont et dont la population était relativement élevée à cette époque du milieu du XVe siècle ; mais je pense que le motif qui engagea particulièrement les bourgmestres de Liège, c’était celui de favoriser les Theutois, leurs partisans, contre le Prince-Evêque et de conférer aux bourgmestres de Theux, une place au Tiers-Etat… quoique cette décision prise par les deux bourgmestres seuls, ne fût pas bien légitime !

On sait que le Gouvernement comprennait trois ordres : 1) le clergé, formé par les chanoines tréfonciers de la cathédrale, 2) la noblesse 3) le tiers-état, ou le peuple, constitué par les bourgmestres des Bonnes Villes.L’esprit révolutionnaire d’insoumission semble bien avoir caractérisé les Theutois déjà à cette époque, aussi bien qu’à celle des événements de la Révolution liégeoise en 1789, à la suite de celle déchaînée en France.Après la défaite des Liégeois à Brusthem ( 1467) , Charles le Téméraire entra triomphalement à Liège et fit transporter à Bruges l’antique perron de Liège (qui fut rendu dix ans après et replacé sur la fontaine du Marché).

Theux vit son perron anéanti en 1469, lors de l’invasion du pays par les armées du Téméraire, un an après le terrible sac de Liège !L’autre perron, qui a remplacé celui de 1456, se trouve actuellement dans le Palais à Liège. Celui que nous voyons aujourd’hui date de peu de temps avant la révolution de 1789.A Theux, comme à Liège et ailleurs avant 1789 existait la coutume des appels « au Perron » c’est-à-dire « appels et sentences » faits aux coupables inconnus à se constituer par devant la Cour de justice locale, item, la publication des lois. Si le cri lancé sur les degrés du perron n’obtenait pas de résultat, on tentait un autre moyen pour découvrir le coupable le dimanche suivant, à la sortie de la messe, les justiciers se posaient en face de la porte de l’église, tandis que le sergent, (garde champêtre) monté sur le seuil du parvis tenait la Verge de Justice, élevée horizontalement de manière à ce que les fidèles sortant de l’enceinte religieuse passassent dessous en subissant les regards scrutateurs des juges placés en face.Certains s’imaginaient que la Verge, serait abattue d’elle-même sur le coupable avant même qu’il accusât sa culpabilité.
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Cette Verge mesurait environ 2 m et était peinte en rouge; son gros bout était orné d’une poignée de velours rouge. Elle servait aussi pour l’ouverture du « Plaids généraux » auxquels tous les habitants pouvaient prendre part, pour y travailler les affaires communes, et où chacun pourrait exposer ses vues, ses plaintes, etc… Plaids constituaient aussi un referendum. Ils avaient lieu à l’Epiphanie ! A Theux contrairement à ce qu’on voyait ailleurs ils se tenaient à l’église ! Cependant, on conçoit que ces sortes de réunions ne pouvaient guère se faire sans criailleries et parfois même, sans disputes et procès.Terminons cette causerie, en disant que par arrêté royal en date du 29 août 18.. la commune de Theux s’est vu octroyer la faveur d’avoir un blason, coupé de Franchimont et de Liège. c.-à-d., d’argent trois lionceaux couronnés, de sinople; en premier ; de gueules au perron d’or accompagnées des lettres L. G. du même, en pointe.

Notons que ces lettres signifient « Libertas Gentis » c’est-à-dire la liberté du peuple, symbolisée par le perron.

Source : « Pays de Franchimont »
UN VIEUX THEUTOIS.

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En résumé : Durant tout le XIVème siècle, les Franchimontois se dévouèrent à la défense des libertés publiques de la principauté de Liège. Par reconnaissance, ils furent exemptés de tout impôt. Le prince-évêque accorda donc les droits de bourgeoisie et immatricula le bourg de Theux aux bonnes villes du pays. Pour sceller cette union, les magistrats de Liège allèrent en 1457 ériger un Perron au chef-lieu de chaque ban. Il est devenu le symbole des libertés communales. La croix représente l’autorité religieuse et la colonne (ou pierre de justice) le pouvoir civil, tandis que la pomme de pin, entre la croix et la colonne reste une énigme ; ce serait un symbole païen évoquant la fertilité et la prospérité. En 1468, le jeune perron fut démoli par [?Charles le Téméraire] qui voulait se venger des [?600 Franchimontois]. Dix ans plus tard, il serait réédifié, dans les styles gothique : du haut de ses marches seront proclamés les édits et délits commis dans le chef-band. Trois cent ans plus tard, abîmé par les outrages du temps, il sera remplacé par un nouveau, celui-là qui trône toujours sur la place et qui est maintenant classé.

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