“Ceux qui font Theux”
Le vendredi 7 décembre, à l’Administration Communale, on fêtait le départ de Monsieur Deblond, garde-champêtre en chef de la police de Theux.
L’occasion était trop belle que pour ne pas retracer la carrière de l’une des figures de notre commune qui fut à la fois importante et discrète. En rédigeant cet article, j’ai essayé de dépeindre la vie empreinte de variété de notre garde-champêtre en chef, tout en modulant mes sources d’informations.
Commençons notre histoire à Dolhain. C’est en fait là, le 7 fevrier 1926 qu’il est né et qu’il a passé une partie de son enfance.
Durant la seconde guerre mondiale, il se cache plus d’un an pour échapper au travail forcé en Allemagne.
A l’âge de 18 ans, il décide de s’engager dans l’armée de libération.
Le 5 novembre 1944, il est incorporé comme volontaire de guerre dans les Forces Belges en Angleterre. Son engagement était valable pour toute la durée des hostilités. C’est ainsi qu’il faillit partir au Japon, mais la fin du conflit mondial vint stopper les horreurs d’un des épisodes les plus cruels de l’humanité et Monsieur Deblond regagna son foyer le 7 mars 1946.
Entre sa période militaire et policière, il travailla dans la région verviétoise comme ouvrier textile. Est-ce appelé par le port de l’uniforme, par le goût de l’ordre,… qu’il choisit d’entrer à la police d’Andrimont?
Comme le hasard fait parfois bien les choses, c’est le jour de la fête du travail 1956 qu’il fut incorporé.
Quand on lui demande de nous parler de cette période, il ne peut s’empêcher de nous raconter quelques anecdotes.
L’une d’elles met bien en évidence que ce n’est pas un métier sans risques qu’il a exercé pendant près de 35 ans et qu’en 56 il ne faisait pas toujours bon se promener la nuit.
De fait, lors d’une de ses gardes nocturnes au poste de police, sous l’injonction du commissaire, il dut se rendre «seul», par manque d’effectif (problème qui ne date pas d’aujourd’hui), sur les lieux d’une bagarre entre Hongrois. L’ampleur de l’action, le contexte général amenèrent notre jeune policier après quelques vaines réprimandes verbales à regagner tout penaud son commissariat. Le lendemain matin, il entreprit de reconstituer les faits en retournant sur les lieux, mais qui l’eut cru, tout était rentré dans l’ordre…
Durant ses moments de détente bien nécessaires pour décompresser et garder la forme, il pratiqua le football (avec quelques uns de ses amis policiers), depuis cette époque jusqu’à l’âge de 50 ans.
On peut dire que c’est le 15 mars 1970 qu’un tournant de la vie de Monsieur Deblond se marque. En effet, c’est à cette date qu’il est nommé, par le Gouverneur de la Province de Liège, M.Clerdent, garde-champêtre dans la commune de Polleur en remplacement de Monsieur Onclin (habitant de Polleur et actuellement commissaire de brigade de la police rurale de la province de Liege).
C’est là que, pendant 6 ans, il va travailler en collaboration avec le Bourgmestre Gohy. C’est aussi une période où il va apprendre à connaître la mentalité des Pollinois, où il sera le plus proche de la population. C’est à cette époque qu’il jouera souvent un rôle de modérateur, comme en témoigne cette histoire vécue: «au début des années 70, Monsieur Deblond, dut intervenir dans une bagarre, une de plus. Fort de son expérience, il invita les deux concernés à sortir de la salle et à régler leurs comptes non loin de là, près du cimetière. Surpris par la méthode de notre policier, ceux-ci en retrouvèrent le calme et leur esprit.»
Bien ancré dans la commune, peu de temps après les fusions, il est nommé le 1er janvier 1978 par le Gouverneur Mottard, garde-champêtre en chef de la commune de Theux. C’est surtout à partir de cette date qu’il sera encore davantage connu.
On pourra dire, pour ceux qui l’ont côtoyé et cela va des autorités judiciaires, en passant par nos Bourgmestres, jusqu’aux citoyens que nous sommes, qu’il fut un policier calme, mesuré, attentif à la prévention, un homme de terrain….
Être garde-champêtre en chef, cela signifie outre les responsabilités, la conduite d’une équipe de quatre policiers. Là aussi, son sens de la répartie lui a permis malgré quelques périodes parfois houleuses, de tenir bon le cap, de donner à ses hommes un esprit de corps. Puisse la carrière de Monsieur Deblond inspirer le sens du travail bien fait et le sens du dévouement.
La dernière heure de service a sonné, et ce n’est pas sans un pincement au cœur que Monsieur Deblond va quitter ses fonctions. Mais un policier n’étant théoriquement jamais dépourvu d’esprit de prévention, soyons rassurés, il a préparé quelques activités pour sa retraite. Ainsi son jardin le verra a l’ouvrage et les oiseaux, au baguage.
A Monsieur et Madame Deblond (souvent de corvée téléphone), la rédaction du Pays de Franchimont souhaite un temps de repos bien mérité.
A. LODEZ
Pays de Franchimont n°536, janvier 1991