Bien que Pépin, Jacques Dubois est une véritable institution culturelle theutoise. Il fut, avec André Wilkin, l’un des fondateurs de La Marotte, animant la galerie aussi bien que les ateliers jusqu’il il y deux saisons. Dans le domaine public de nos bords de Hoëgne, on lui doit la Vierge du Vieux Pont de Polleur, remplaçant celle qui fut dérobée, le mémorial aux pompiers victimes de l’explosion du 4 janvier 1997 et, maintenant, l’écrevisse du carrefour de l’ancienne gendarmerie. Ce symbole de la nouvelle identité theutoise en tant que capitale wallonne de l’écrevisse rejoint une tendance fondamentale de la carrière de sculpteur de Jacques Dubois. En effet, à travers toute son œuvre, on retrouve constamment l’idée de carapace, un concept décliné de diverses façons, certes, mais régulièrement travaillé avec imagination et savoir-faire. On se souviendra des insectes hybrides qui semblaient revêtus d’une armure de samouraï, des visages humains aperçus sous le heaume d’êtres fantastiques proches de coléoptères ou encore de ces cavaliers échappés d’un tournoi cligne de l’heroïc fantasy. Autre caractéristique, chez Jacques, l’être humain n’est jamais loin : englobé dans l’œuvre ou lui servant de point de repère, comme le Nord magnétique pour l’aiguille de la boussole. Cela correspond au tempérament de l’artiste et aux valeurs qu’il défend, ses “élèves” de La Marotte, de l’Académie de Verviers ou du Centre d’expression et de créativité de la Province vous le diront. Sous la carapace exigeante du maître-sculpteur-fondeur, c’est avant tout l’homme que l’on trouve, un homme chaleureux, qui partage avec Jeanine, son épouse, un grand souci de la personne, de ses qualités particulières et de ses talents propres. L’écrevisse de la Boverie n’a rien d’anthropomorshique, mais elle indique la direction du centre de Theux, la ligne de cœur d’une commune qui doit rester à taille humaine dans un environnement préservé, celui dont le retour de ce crustacé se veut précisément l’image.
Albert Moxhet.
Pays de Franchimont 701 juillet 2005