Curieuse de nature, je me demandais depuis quelques temps déjà, comment et pourquoi certaines personnes décidaient de mettre à disposition, chez elles, dans leur propre maison, des chambres pour les touristes, cette formule d’hébergement et d’accueil étant complètement différente de la formule gîte d’étape ou de l’hôtel. Véritables fenêtres sur le terroir, les chambres d’hôtes proposent une manière chaleureuse et conviviale pour découvrir notre belle région. Elles sont le plus souvent situées en milieu rural et permettent aux touristes d’un ou de plusieurs jours de voyager à travers la région et surtout de s’imprégner de la culture locale.

En général, le prix comprend une chambre avec sanitaires et un petit déjeuner (copieux et varié), souvent composé de produits du terroir (confitures maison, fromages ou charcuteries régionales, pains spéciaux, fruits, …). Il arrive aussi que quelques propriétaires proposent de partager leur table (dîner, souper) à des prix très accessibles. Il s’agit toujours de repas simples et de cuisine locale. Il n’est pas nécessaire de parler plusieurs langues, mais c’est un atout majeur pour celui qui veut dialoguer, communiquer et profiter pleinement du contact hôte/propriétaire. L’investissement que la réalisation d’une chambre d’hôtes nécessite est très variable d’un cas à l’autre. L’aménagement doit avant tout être conçu dans un esprit de convivialité et une bonne chambre d’hôtes est un subtil équilibre entre qualité, bon goût et ambiance du terroir. Je me suis dit que pour en savoir plus, le mieux était de me rendre sur place et de parler directement aux propriétaires.

Voici le résultat de ma petite enquête.
Il faut savoir tout d’abord qu’on ne peut pas improviser une pièce comme chambre d’hôtes si on veut être reconnu par le Commissariat Général du Tourisme. Il y a des normes à respecter c’est-à-dire :
– les chambres d’hôtes sont classées de 1 à 4 épis selon leur niveau de confort;
– la superficie doit être au moins de 9m² pour une chambre double et 8m² pour une chambre simple;
– la chambre doit comprendre au moins un lit simple ou double, complètement équipé, une table et deux chaises, un lavabo avec eau chaude et eau froide, un miroir, une tablette, un porte-serviettes et une armoire;
– une installation électrique répondant aux normes de sécurité en vigueur et comprenant un appareil d’éclairage et une prise de courant;
– une salle d’eau et un cabinet d’aisance doivent être réservés à l’usage exclusif des hôtes si l’immeuble comprend plus de deux chambres d’hôtes;
– il ne peut être proposé plus de cinq chambres d’hôtes à la location;
– le petit déjeuner n’est pas obligatoire, mais il est vivement conseillé (imaginez un bed sans breakfast !);
– la dénomination «chambre d’hôtes» est réservée à des hébergements reconnus par le Commissariat Général du Tourisme;
– toute demande tendant à obtenir l’autorisation prévue par l’article 2 du décret du 16/06/1981 est introduite auprès du Commissariat Général du Tourisme par lettre recommandée à la poste;
– toute demande d’autorisation concernant l’utilisation des dénominations de chambres d’hôtes ne pourra être prise en considération qu’après avis, soit de l’une des associations de tourisme à la ferme soit du comité technique du tourisme rural et à la ferme etc… ;
(Extrait du règlement «Gîte rural et meublé de tourisme, Gîtes de Wallonie, asbl»).

-Les demeures ont du caractère et beaucoup de charme. Il s’agit le plus souvent d’anciennes fermes dont certaines ont un passé historique bien rempli.
-L’envie de contacts, de communication, de partage, de faire découvrir sa région et l’envie de découvrir aussi d’autres univers à travers les touristes motivent tous ces propriétaires. On ne s’improvise pas propriétaires de chambres d’hôtes, il faut avoir le feu sacré, la passion, le goût de recevoir (bien qu’avoir le goût du contact ne veut pas dire se laisser envahir). Parfois, les grandes maisons, ayant abrité de grandes familles et devenues silencieuses avec le temps (les enfants étant partis voler de leurs propres ailes), incitent aussi les propriétaires à accueillir des hôtes. Cela leur permet d’avoir un regard vers l’extérieur et de continuer à s’activer. Certains ont fait de l’accueil leur activité principale et en vivent toute l’année. D’autres le font accessoirement et ont une autre activité professionnelle. Mais c’est d’abord une énorme envie de faire découvrir sa région et de la mettre en valeur qui les anime tous.
-Les propriétaires se font connaître par la publicité (payante dans les guides de locations de vacances), en créant leur site Internet (très visité) et par le « bouche à oreilles ». Il arrive souvent que les mêmes touristes reviennent régulièrement se «ressourcer» comme ils disent. Ils viennent de Bruxelles, de Liège, des quatre coins du pays en somme, prendre le bon air de nos campagnes. D’autres viennent chercher l’inspiration pour écrire, peindre ou réfléchir tout simplement. D’autres encore se retrouvent en famille pour fêter un événement ou l’autre. Certains arrivent aussi par hasard (ils voient les plaques indicatives et se laissent tenter par l’envie de découvrir une autre formule d’hébergement). Ils deviennent ensuite des clients réguliers des chambres d’hôtes, tant l’accueil est charmant. Il y a aussi les touristes de pays lointains, visitant l’Europe et qui, grâce à Internet, s’arrêtent à Theux (hé oui !). Madame Formisano (La Roustière – Hodbomont) a accueilli des Canadiens, des Coréens, des Australiens, des Américains, …
-L’accueil se fait toute l’année avec des moments plus forts pendant les mois de juin à septembre, la période automnale (période du gibier) ainsi qu’en fonction des manifestations locales (Francofolies, Grand Prix, …) et des week-ends prolongés. Les propriétaires tentent de garder des prix abordables pour permettre aux touristes de faire d’autres activités dans la région pendant leur séjour.
-Les propriétaires connaissent leur région sur le bout des doigts et savent conseiller les petits restaurants du coin où l’on mange bien pour un prix raisonnable, les endroits à visiter, les balades à faire, les itinéraires à emprunter, … et ont à disposition, chez eux, la documentation détaillée de la région.
-De commun accord, ils me disent que le tourisme est en croissance dans notre région et que de nombreux efforts ont été faits dans ce sens (balades fléchées et entretenues, sites balisés, maisons du tourisme et syndicats d’initiatives toujours à disposition, …). Cependant il y a encore du travail au niveau des cartes de promenades sur lesquelles on ne trouve pas tout (Le Ninglinspô par exemple!), au niveau des plaques indicatives pour les chambres, au sujet des folders (regrouper sur un même folder les différents endroits où manger, dormir, avec, pour chacun, une petite présentation). Le touriste pourrait ainsi trouver directement ce qu’il cherche.
-Les chambres d’hôtes ont cependant besoin d’ambassadeurs. Le public belge n’est pas encore très familiarisé avec ce type de séjour qui est en plein développement. On constate une proportion assez importante de visiteurs qui tentent l’expérience pour la première fois. C’est pourquoi, il est crucial pour l’avenir de ce type d’hébergement, qu’ils en gardent un bon souvenir. Autrement dit, chaque membre du réseau sert aussi un peu d’ambassadeur pour tous les autres et inversement, et il est donc impératif de pouvoir distinguer les chambres et les gîtes ruraux reconnus par la fédération du tourisme de ceux qui ne le sont pas.

Tout au long de ma route, j’ai rencontré des gens charmants, gentils et prévenants. Les maisons sont magnifiques et situées dans des endroits reposants invitant à la relaxation, à la promenade et à la paix. L’accueil est formidable et chaleureux. En ce qui me concerne, j’ai les réponses aux questions que je me posais à propos des chambres d’hôtes et j’ai bien envie d’aller y refaire un tour, mais cette fois en tant… qu’hôte. Pas vous ?

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